Les chiffres de la pollution numérique : un enjeu caché, méconnu, mais bien réel !
Difficile de croire que l’on pollue lorsque l’on reste chez soi, et que l’on regarde tranquillement une vidéo sur internet ?
En fait, on serait même tenté.es de voir plutôt les impacts positifs du numérique sur l’environnement : en plus de favoriser les échanges et l’accessibilité à l’information, la transition numérique permet la téléactivité (on dit merci au télétravail pendant cette charmante période de confinement…), évite de nombreux déplacements, réduit la consommation de papier, etc. En soit, le numérique participe à la limitation de nos émissions de gaz à effet de serre…
Pourtant, il semble aujourd’hui que les bienfaits du numérique ne compensent plus les préjudices qu’il inflige à l’environnement.
Cette pollution numérique, méconnue, est souvent ignorée car invisible… Pourtant, le numérique n’est pas que virtuel, il repose sur des matériaux et infrastructures réels. Et ses impacts grandissent de façon exponentielle.
Pollution numérique : définition et enjeux
Le terme de pollution numérique désigne les impacts environnementaux négatifs générés par les technologies de l’information et de la communication (TIC). Ces impacts sont liés à 3 facteurs majeurs de pollution :
- La fabrication des terminaux numériques : (énergies fossiles, extraction de minerais, assemblage, transport, distribution...)
- Le fonctionnement du réseau internet et son utilisation (alimentation, stockage, transfert de données…)
- La fin de vie des équipements électroniques (destruction, recyclage…)
Le numérique consomme environ 10% de l’électricité mondiale, selon un rapport de l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). Cette consommation est amenée à doubler d’ici 2025, l’équivalent de la pollution du trafic automobile mondial !
À titre de comparaison, le numérique pollue à l’heure actuelle plus que le secteur de l’aviation ! Oui, oui, vous avez bien lu ! Et vous allez voir, si on entre un peu dans les détails, les chiffres donnent le tournis…
1. Pollution liée à la fabrication des équipements numériques
La fabrication des équipements numériques est le premier facteur, et le plus lourd en matière de pollution. Cette étape représente à elle seule 80% des impacts environnementaux liés au numérique.
Saviez-vous que produire un téléviseur nécessite d’extraire 2,5 tonnes de matières premières, et génère 350 kg de CO₂ ? Je vous l’accorde, c’est ahurissant 😨 ! Parmi ces matières premières, il y a des éléments chimiques, des matériaux rares voire précieux, et parfois toxiques.
Prenons un autre exemple : produire un circuit imprimé de 2 grammes (présent dans tous les smartphones, ordinateurs et objets connectés) nécessite 1,6 kg d’équivalent pétrole, 32 litres d’eau, et 700 grammes de gaz.
Sans compter qu’après sa fabrication, un objet numérique va être acheminé : un smartphone va parcourir 4 fois le tour de la terre entre l’extraction des matières premières et sa distribution finale. Oui, on parle bien d’un seul malheureux téléphone !
En 2019, on comptait déjà 34 milliards d’équipements numériques dans le monde (ordinateurs, télévision, smartphones, objets connectés…), soit une moyenne de 8 par personne.
Essayez de compter tous les écrans et autres objets connectés chez vous (même hors d’usage) : ça grimpe vite, hein ? 😳
2. Pollution liée à l'utilisation et la consommation numérique
Envoyer un e-mail, regarder une vidéo en streaming, faire une requête sur un moteur de recherche… Nous laissons des traces, des “empreintes numériques”. Toutes ces petites actions, à l’échelle de plus de 4 milliards d’internautes, consomment beaucoup d’énergie et émettent des rejets de CO₂ considérables.
En effet, des quantités gargantuesques de données sont mises en circulation chaque jour, en quelques clics. L’ancien PDG de Google, Eric Schmidt, estimait déjà en 2010 (ça remonte, et pourtant…) que nous produisions tous les deux jours autant d’informations numériques que ce qui a pu être créé “entre le début de la culture humaine et 2003» ! Si cette estimation a été quelque peu revue à la baisse depuis, ce qui est certain par contre, c’est que le volume mondial de données numérisées double chaque année !
La vidéo et le streaming, poids lourds de la pollution numérique
C’est sans surprise le streaming vidéo qui pèse le plus lourd, avec à lui seul 60% du flux de données échangées sur internet : films et séries, porno, vidéos courtes type YouTube et autres vidéos échangées sur les réseaux sociaux…
À titre de comparaison, visionner 1 heure de vidéos en streaming chaque semaine correspondrait à la consommation annuelle d’un réfrigérateur ! Aïe, je la vois différemment ma petite série Netflix du soir… Pas vous ?
Ce trafic de données est rendu possible grâce à des data centers alimentés en électricité 24h /24, connectés en permanence et refroidis artificiellement pour assurer leur bon fonctionnement. Et oui, c’est bien joli de nous parler de “stockage cloud”, mais la réalité est bien loin des nuages… Toujours selon l’ADEME, les datas centers, ou centres de données, représentent 10% de la consommation d’électricité en France.
3. Pollution liée à la fin de vie des objets électroniques
Pour terminer, la fin de vie de tous ces objets électronique pose un autre problème : les composants miniaturisés, les éléments chimiques dissous, complexifient leur récupération et leur recyclage.
La France à elle seule génère en effet 173 000 tonnes de déchets électroniques chaque année, soit 17 tours Eiffel. A l’échelle mondiale, on arrive à un équivalent de 4500 tours Eiffel (Etude 2019 de GreenIT : « Empreinte environnementale du numérique mondial »)
Un chiffre hallucinant qui peut s’expliquer notamment par l’obsolescence logicielle, les incitations d’achat et les promotions alléchantes pour remplacer un produit pourtant en parfait état d’usage… 88 % des français.es changent leur téléphone alors qu’il fonctionne encore.
Pourtant, bien gérer la fin de vie de ces équipements permettrait de créer de l’emploi, préserver l’environnement, économiser les ressources et éviter le gaspillage.
Aujourd’hui, la majorité des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) sont exportés illégalement vers l’Asie et l’Afrique, où ils finiront dans des décharges à ciel ouvert, polluant les sols et l’air, affectant la santé des populations locales.
4. Quel rôle les entreprises ont-elles à jouer dans la lutte contre la pollution digitale ?
Plusieurs géants du web, qui comptent parmi les plus gros consommateurs d’énergie dans le secteur digital, se tournent désormais vers des énergies vertes et éco-responsables : Google et Apple ont sauté le pas il y a quelques années par exemple. D’autres vont être obligées d’y passer car leur empreinte carbone explose et les critiques fusent de toutes parts : je pense bien-sûr à Netflix, décidément, encore lui ! L’entreprise de streaming a vu sa consommation augmenter drastiquement avec le confinement lié au Covid-19…
Par ailleurs, on observe des progrès au sein d’entreprises de tous secteurs et de toutes tailles, avec notamment :
- la réduction drastique des impressions papiers,
- l’optimisation de la communication interne afin de limiter les mails,
- la création de sites web éco-conçus,
- la location d’équipements électroniques plutôt que leur achat systématique,
- la réduction de la durée du stockage des données, etc.
Parallèlement, en France, des jeunes entreprises ont même fait de la pollution numérique leur raison d’être et proposent des alternatives écologiques pour réduire ou compenser son empreinte carbone. C’est le cas du moteur de recherche Lilo par exemple, ou bien du service de messagerie Ecomail, qui distribuent tous les deux une partie de leurs recettes à des projets sociaux et environnementaux. La start-up Cleanfox propose, elle, de débarrasser nos boîtes mail des newsletters inutiles et non désirées. Depuis 2016, elle a ainsi supprimé 700 millions de mails et assure avoir évité les émissions de 7 000 tonnes de CO2.
Le secteur du Green It, en plus de créer des opportunités d’emploi, permet de réaliser des économies et d’améliorer l’expérience client.
Conclusion : la sobriété numérique, une solution pour lutter contre la pollution digitale
Il m’a été difficile de faire le tri parmi toutes les informations récoltées pour rédiger cet article… Difficile car j’étais ahurie au fur et à mesure que j’avançais. Je me pensais déjà bien informée sur la pollution numérique… j’étais encore loin du compte.
Tout commence par là : informer, sensibiliser, et raisonner. Il y a urgence à faire évoluer nos usages digitaux au profit d’une consommation modérée et raisonnée : la sobriété numérique permet déjà, par des éco-gestes simples, de réduire notre empreinte numérique ou de la compenser. Repenser un monde digital plus responsable, moins gourmand en énergies et en ressources est possible. Et primordial, car l’utilisation des technologies numériques continue d’augmenter, entraînant avec elle les dégâts humains et environnementaux que j’ai évoqué dans cet article.
Réfléchissons donc au numérique que nous voulons pour demain, et à la place que nous voulons donner aux nouvelles technologies dans notre quotidien. Pour ma part, je le souhaite responsable, accessible, transparent et convivial ! Cela ne veut pas dire qu’à mon niveau, je suis irréprochable, mais j’ai déjà intégré de nombreux éco-gestes dans ma routine digitale. Vous aussi ? Partagez-les moi en commentaire !
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