Les bonnes pratiques pour éco-concevoir un support print
Une communication zéro-déchet, ça n’existe pas… Communiquer génère des déchets et une pollution, qu’elle soit matérielle ou numérique. Mais on peut réduire son impact et éco-concevoir un support print !
Cela passe d’abord par une réflexion et une optimisation en amont de la création matérielle d’un support ou d’un outil de communication. Puis, en se tournant vers les solutions les plus adaptées pour une fabrication responsable. C’est-à-dire qui intègre le cycle de vie entier de ce support.
Optimiser le contenu
du support et sa mise en page
Je préfère souvent le terme de communication raisonnée à celui de responsable. Car cela ne passe pas seulement par l’utilisation de matériaux plus respectueux de l’environnement. Mais aussi et surtout, par une réflexion autour de nos habitudes de consommation en termes de communication. En quelques mots, rationaliser ce qui peut l’être, pour chercher à ne produire que de l’utile.
Avant même la création d’un support, on va donc réfléchir à son objectif. Mais aussi à la façon dont il sera diffusé, manipulé, utilisé, pour essayer de maximiser sa valeur d’entrée de jeu. L’optimisation du fond avant la forme en quelque sorte.
Travailler le texte pour qu'il soit pertinent plus longtemps
On commence par scanner le contenu texte, et les informations partagées dans le support. L’objectif c’est d’éliminer les tournures de phrases ou les données chiffrées qui peuvent « vieillir » le contenu prématurément.
- Par exemple, au lieu de « fondée il y a 20 ans, privilégiez « fondé(e) en telle année ».
- Si vous citez des sources ou des exemples, favorisez celles/ceux qui resteront pertinents à moyen terme. Et compréhensibles dans un contexte autre que l’actualité ou les tendances du moment.
- Même chose pour les lieux et dates, notamment dans les supports et signalétiques créés pour des évènements. Dans la mesure du possible, essayez de ne pas incorporer d’information « à usage unique ».
Choisir le format le plus adapté pour votre support
Si on parle d’un support papier, comme une brochure ou un dépliant, mieux vaut rester dans les formats standards proposés par les imprimeurs (ex : A5, A4, A3…). Cela évite les découpes inutiles et donc le gaspillage de papier. mieux rester dans des formats standards pour éviter les découpes inutiles et les chutes de papier perdues.
Quant aux supports évènementiels, réfléchissez au format le plus adéquat. Lequel sera le plus facile à utiliser, assembler, démonter ou déplacer ? Lequel résistera le mieux à la manipulation ?
Admettons que vous souhaitez habiller votre stand pour des salons.
Faut-il privilégier une bâche ou une banderole, qui nécessitent d’être attachée ou posée sur une structure ? Car tous les stands évènementiels ne sont pas disposés de la même façon. Tous les évènements ne proposent pas les mêmes possibilités pour s’équiper sur place (chaises, tables, place…). Dans ce cas là, un roll-up qui tient debout, qui se pose partout, ou un oriflamme seraient peut-être plus pratiques.
Adapter la mise en page de votre support
Éco-concevoir un support print, cela passe aussi par des choix graphiques. L’objectif principal va être de réduire la quantité d’encre que va nécessiter le produit final, et la quantité de papier.
Pour ce dernier point, on va simplement éviter les espaces vides qui n’apportent rien, et créer un support recto-verso.
Pour le taux d’encrage, tu peux le réduire avec quelques astuces simples.
Réduire le taux d'encrage via les aplats de couleurs
La première chose, c’est d’éviter les grands aplats de couleur en fond de page par exemple. Si tu veux mettre un texte en exergue, pourquoi ne pas l’encadrer, utiliser une police particulière pour le valoriser ou s’il y a beaucoup de texte le mettre en couleur ?
Ce qu’il faut comprendre c’est qu’en plus d’utiliser beaucoup d’encres, les aplats de couleurs vont avoir tendance à nécessiter un grammage de papier plus épais car le poids de l’encre va faire gondoler un papier trop fin.
Attention, ça ne veut pas dire que tu ne pas utiliser de couleurs pour ton support. Le but c’est tout de même de le rendre attractif et agréable à lire. Le tout c’est de jouer habilement entre les éléments de la mise en page.
Certaines manipulations sont même quasi invisibles à l’œil nu, comme réduire légèrement l’intensité d’une couleur.
Réduire le taux d'encrage via les polices d'écriture
Concernant les polices d’écriture maintenant. Savez-vous qu’il existe des typographies conçues pour consommer moins d’encre ? C’est le cas de EcoFont, qui est une sorte de police à trous qui deviennent invisibles à l’impression. Ou la Ryman Eco qui elle utilise des traits plutôt que des formes remplies pour former ses lettres et caractères.
Mais si vous utilisez les polices de votre identité visuelle, il y a quelques astuce simples :
- Pour les longs paragraphes, utilisez plutôt les fontes fines de la police (nommées regular, light ou thin en général). Tant que cela reste bien lisible, évidemment. Pour en savoir plus sur le choix de polices d’écriture, vous pouvez lire cet article.
- Pour vos titres, les réduire un chouia diminue leur taux de couverture en encre sans pour autant diminuer leur impact.
Bien choisir les éléments illustratifs du support
Les éléments qui viennent agrémenter le support et le rendre plus attractif peuvent aussi jouer sur la quantité d’encre utilisée à l’impression.
- Les photos par exemple, consomment en général beaucoup d’encres, puisqu’elles ont des détails, des contrastes parfois importants, et beaucoup de couleurs. Si vous souhaitez en utiliser, faites un choix qui apporte véritablement quelque chose au document. Et si possible, limitez leur taille sur le support.
- Pour les illustrations ou les pictogrammes, sélectionnez un style graphique plutôt sobre et épuré pour les mêmes raisons.
Et bien-sûr, on fait attention aux licences qui accompagnent ces éléments pour ne pas faire d’erreur et avoir à faire des changements après l’impression 😉
Si votre contenu contient une forte valeur ajoutée, faire réaliser une mise en page et/ou des illustrations personnalisées peut être un réel atout ! Vous y avez déjà pensé ?
Éco-concevoir un support print :
l'étape de fabrication
Encore une fois, il n’y a pas de solutions miracles qui effacent comme par magie l’impact environnemental d’un produit. Certains matériaux peuvent provenir de composants recyclés, sans pour autant ne pas être recyclables… Voici quelques conseils pour choisir la solution la plus adaptée.
Veiller au matériau choisi (papier ou autre)
On va privilégier l’utilisation de papier fait à partir de fibre recyclée ou à défaut issue de forêts gérées durablement. Tout en cherchant, comme on l’a vu dans la première partie, à optimiser le grammage du papier.
Pour s’y retrouver, voici quelques écolabels à laquelle vous fier :
Le label Imprim’Vert est également intéressant mais légèrement différent. Il atteste qu’un imprimeur met en place des solutions efficaces au sein de son entreprise pour la gestion des déchets toxiques qu’il utilise. Comme les solvants qui nettoient les machines par exemple, ou la maîtrise de leur consommation énergétique.
Et les autres matériaux ?
De manière générale, on va prendre en compte le mode de diffusion du support, la façon dont il sera manipulé, ou déplacé , etc. Mais aussi le fait qu’il soit disposé en intérieur ou à l’air libre, car il devra résister à la lumière et aux intempéries.
Pour éco-concevoir un support print, il y a plein d’alternatives à explorer !
Saviez-vous qu’il existe des roll-up éco-conçus à partir de bambou et de chanvre ?! L’entreprise Kaja explique les avantages de ces composants.
La culture du chanvre ne nécessite ni engrais ni pesticide. De plus la transformation du chanvre en tissu requiert moins d’eau que le coton, et est très résistante ! Pour le bambou, il est produit en France et c’est également une culture qui a besoin de peu d’entretien. Le reste des composants pour les pieds des supports est en métal recyclable.
Privilégier les encres végétales aux encres minérales
Contrairement aux encres minérales majoritairement utilisées, les encres végétales ont un taux de toxicité moindre dans leurs composants. Là encore, aucune encre n’est 100% parfaite, parce que certains produits qui rentrent dans leur fabrication ne sont pas renouvelables. Et le fait qu’elles soient créés à partir d’huiles végétales et de résines d’origines naturelles ne signifie qu’elles soient irréprochables en termes de production.
🌾 Si vous pouvez, informez-vous sur leur provenance et leur mode de production. Certaines pouvant provenir de cultures intensives ou utilisant des pesticides.🌾
Cependant, les encres végétales offrent une belle alternative, et de très bons résultats visuels. Elles donnent des couleurs vives, sont autant voire plus résistantes que des encres minérales et sèchent rapidement, ce qui permet une production plus rapide !
Quantité d'impression et livraison de vos supports print
Lors de la commande, il peut être tentant de commander plus pour bénéficier d’une réduction de tarif. Néanmoins, je vous conseille de vous en tenir à la quantité dont vous êtes sûr.e.s d’utiliser, et recommander plus tard. Cela évite les pertes, et permet aussi de prendre du recul sur votre support. Vous pourrez faire des micro-modifications ou des actualisations du contenu si besoin. Ou encore l’améliorer en fonction des retours que vous avez pu avoir.
Attention au transfert d’impact lors de la livraison et du transport de votre commande. Si vous le pouvez, choisissez un imprimeur près de chez vous. Pour réduire le temps de transport bien-sûr, mais aussi car cela offre certains avantages ! Vous pouvez vous y déplacer, prendre en main les supports proposés par l’imprimeur, obtenir des conseils plus personnalisés, etc.
Éco-conception et fin de vie du support : les recycler ou les revaloriser ?
Certains imprimeurs pourront directement vous indiquer des organismes capables de recycler vos supports une fois inutilisables. Vous pouvez aussi être inventif et leur donner une seconde vie avec l’upcycling ou surcyclage !
- C’est le cas du festival Maintenant en Bretagne, qui passe par un prestataire local pour revaloriser ses bâches une fois le festival terminé. Celles-ci sont transformées en transats, en nappes, en sacoches, ou en tabliers pour les bénévoles sur les stands de restauration, etc. Ils ont même créé des lignes de produits de merchandising à l’image du festival avec ses mêmes bâches.
- La ville de la Rochelle, quant à elle, réutilise les coquilles d’huitre servies lors d’évènements pour le pavage des rues !
Éco-concevoir un support print, ou web, c’est avant tout une démarche globale qui repense notre manière de communiquer. L’important c’est d’intégrer des bonnes pratiques à votre rythme, pour faire en sorte que chaque nouvelle étape fasse sens pour vous !